Un nouveau rapport de la société civile demande à la Banque Africaine de Developpement (BAD) de fermer sans tarder la centrale à charbon de Sendou en raison des multiples violations des normes et procédures qui ont caracterisé sa validation et de nombreux impacts sur les populations, en particulier les femmes, et les écosystèmes de la zone concernée.
Ce rapport intitulé Les femmes s’opposent à la grande production de charbon et commandité par les organisations Lumière Synergie Développement (LSD), Womin et Gender Action revient sur les lacunes constatés dans l’étude d’impacts environnementaux et sociaux. Il pointe du doigt la BAD, le gouvernement sénégalais et les développeurs du projet qui ont ignoré les dispositions du code de l’environnement du pays en ce qui concerne les mesures de prévention et de mitigation requises pour une centrale à charbon présentant des risques environnementaux et sociaux élevés et dont les impacts sont souvent irréversibles, cumulatifs et pouvant toucher une zone plus vaste que le site proprement dit du projet.
Le rapport mentionne entre autres la pollution thermique de la mer, la destruction de l’écosystème marin, l’altération de la qualité de l’air, la contamination de l’eau et du sol, la dégradation du couvert végétal, la pollution sonore et la surcharge du réseau local d’eau local, sans oublier bien sûr sa contribution à la crise climatique de par la quantité considérable de gaz à effet de serre (GES), avec des émissions la centrale estimées à 1 000 Gg de C02 par an.
Depuis 2009, les femmes de Sendou et des environs ont été à l’avant-garde de la lutte contre la centrale. Dans les discussions de groupe et interviews menes au cours de cette etude, elles confirment qu’elles ont été exclues des moments clés de prise de décision dans le processus ayant conduit à la construction de la centrale, en dehors de la consultation publique du 28 février 2009. Elles s’insurgent non seulement contre le manque de transparence et d’inclusion, mais aussi contre l’entassement des déchets toxiques en provenance de la centrale, la raréfaction des ressources halieutiques, la pollution de l’eau de surface et de mer, les problèmes de relogement, les irrégularités dans le processus d’indemnisation ainsi que les autres risques sanitaires à moyen et long terme auxquels elles sont exposées si la centrale ne ferme pas ses portes. Elles dénoncent enfin le rôle des banques comme la Banque Africaine de Développement, la Compagnie Bancaire de l’Afrique de l’Ouest (BCAO) et le Netherlands Development Bank (FMO) qui au lieu de financer un véritable projet de developpement durable ont donné un feu vert à une initiative qui est entrain de conduire à une mort lente mais certaine.
Ayant entendu le récent engagement de la BAD à ne plus financer les centrales à charbon sur le continent, elles demandent que cette dernière – ainsi que les autres institutions financières régioanales et mondiales – se désengage immediatement de la centrale de Sendou et d’autres projets charbonniers sur le continent.
Le lancement de ce rapport est prévu ce mardi le 5 novembre à Abidjan, en Côte d’Ivoire en marge de l’assemblée générale de la coalition africaine pour la redevabilité des entreprises (ACCA).
Par Landry Ninteretse