Il a suffi de quelques tours des turbines pour que les environnementalistes décèlent le mal. Les premiers essais de la centrale à charbon de Bargny située à moins de 500 mètres des habitations ont déjà fait plusieurs morts d’animaux et la dévastation des cultures. Les effets dramatiques de la centrale à charbon de Bargny se font déjà remarquer dans le quartier Miniam, situé au Sud-Est de la commune de Bargny où les populations ont déjà perdu plusieurs centaines d’animaux qui ont mangé les herbes couvertes de la cendre issues de la centrale suite à une fuite.
Ce constat a été fait lors de ma visite à Bargny qui a coïncidé avec la 24e conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP 24) à Katowice, en Pologne. Le gombo, principale culture de la région, arrivé à peine maturation au niveau des champs a été détruite. Plusieurs cheptels décimés au cours de 2018 ont alerté Cheikh Fadel Wade du collectif de Bargny et Omar Ka, représentant des éleveurs.

Les habitants rencontrés soupçonnent les cendres de la centrale à charbon dont les opérations d’essai ont été effectuées au cours de 2018. Les promoteurs de la centrale déversent les eaux usées sur le site de Khekcom, inondant ainsi les aires de traitement des poissons et portant un préjudice énorme aux plus de 1000 femmes qui vivent de la transformation et de la vente du poisson.

Plusieurs tonnes de poissons sont ainsi emportées et polluées provoquant ainsi un arrêt d’activité pour ces femmes qui pour la plupart sont responsables de ménages. Une atteinte grave à la vie humaine et à la nature. Aux dire des personnes rencontrées à Miniam, beaucoup d’enfants sont de plus en plus enrhumés et certains jeunes crachent le sang. Certes, aucune étude scientifique n’a jusqu’à ce jour été menée pour lier ces impacts avec la présence de la centrale à charbon, mais le constat amer fait à Miniam ressemble fort à celui vécu par les communautés vivant près des centrales à charbon en termes d’impacts sur la santé humaine ainsi que la pollution des eaux, des sols, de l’air et de la végétation.
Ces effets de la centrale, plutôt récents, s’ajoutent aux souffrances de la population de Bargny déjà victime de l’érosion côtière, et de la pollution de la cimenterie SOCOCIM installée depuis 1984. Par ailleurs, les travaux du pôle urbain de Diamniadio ainsi que le port minéralier et le Train Express Régional viendront exacerber la situation.
Face à ces différents fléaux qui menacent directement la survie des populations de Bargny-Sendou qui payent déjà un lourd tribut, plusieurs mobilisations publiques s’organisent depuis plusieurs années pour exiger du gouvernement Sénégalais l’abandon du projet de la centrale à charbon et sa conversion dans la production des l énergies 100% renouvelables. Un appel qui n’a pas encore eu l’effet favorable de la part des autorités gouvernementales.